Le secrétaire à la place des fantômes sismographies anachroniques dans les oeuvres de W.G. Sebald, G. Perec, F. Emmanuel et N. Klotz

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Dans L’Image survivante, Georges Didi-Huberman nous apprend qu’Aby Warburg, comparait l’écriture de l’histoire à l’activité d’un « sismographe ». Ainsi voyait-il en
Burckhardt et en Nietzsche des « récepteurs d’ondes mnémiques (als Auffänger der mnemischen Wellen) [...] » :
Tous deux sont de très sensibles sismographes (sehr empfindliche Seismographen) dont les bases tremblent lorsqu’ils reçoivent et transmettent les ondes [de choc, de mémoire].
Cette conception sismographique de l’activité historienne revêt à nos yeux une certaine pertinence pour rendre compte de la sensibilité singulière avec laquelle une constellation d’artistes s’empare de la matière de l’histoire dans la littérature et le cinéma au tournant des XXe et XXIe siècles. Récits d’Ellis Island de Georges Perec et Robert Bober, Les Anneaux de Saturne et Austerlitz de W.G. Sebald et La Question humaine, récit de François Emmanuel porté à l’écran par Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval témoignent d’une telle vocation à capter des fréquences imperceptibles, à transcrire les tremblements souterrains, invisibles à l’œil nu, par lesquels le passé persévère dans le présent.